Je m’appelle Anne-Laure, j’ai 36 ans et cet été j’ai traversé, seule, les Alpes, en marchant. Cette aventuré a duré 28 jours et 27 nuits, cette aventure est allée chercher au plus profond de moi, une force et une détermination dont je ne me savais pas capable, cette aventure a littéralement changé ma vie. Chaque traversée a sa propre histoire, ses propres raisons, sa propre manière de l’aborder. Mon histoire avec la GTA (Grande Traversée des Alpes) a commencé…dans les Pyrénées, il y a 1 an. J’étais entrain de traverser les Pyrénées d’est en ouest lorsque j’ai rencontré 2 jeunes randonneurs, Jules et Simon, qui avait fait la GTA. C’est eux qui ont fait naître en moi cette idée, idée qui s’est transformée en rêve puis en obsession jusqu’à ce que ça devienne une réalité. Cette traversée je voulais la faire seule et en autonomie. La question qui est le plus revenue : « Tu n’as pas peur toute seule ? », la réponse est NON. J’ai fait ce choix là car seule je vais à mon rythme, je peux être à mon écoute, l’introspection est totale et seule je suis également plus ouverte à la rencontre avec l’autre. Chaque jour sur cette route a été un condensé d’émotions fortes, il m’est arrivé de pleurer de bonheur face à un panorama saisissant comme pleurer de douleur à cause de la fatigue. Il me faudrait un livre entier pour raconter mon aventure, ses hauts, ses bas, ses rencontres, ses galères… J’ai donc fait le choix d’interroger ma « petite communauté » sur les réseaux sociaux pour savoir qu’est-ce qui serait intéressant de vous partager 😊
J’ai décidé de traverser les Alpes pour des raisons très personnelles. J’ai perdu ma maman il y a 2 ans, pour tenter d’apaiser mon chagrin, je suis partie traverser les Pyrénées par le GR10 pendant 42 jours. Cette expérience du trek long en autonomie m’a émerveillée et une fois rentrée je ne pensais qu’à une chose…repartir pour revivre les mêmes sensations.
Je n’ai pas fait de préparation physique particulière car je pratique des sports d’endurance au quotidien (vélo, course à pied, trail, natation…).
Concernant la préparation de mes étapes, je me suis inspirée du site https://www.grande-traversee-alpes.com/ ainsi que des 4 topos guides de la Fédération Françaises de Randonnées https://www.grande-traversee-alpes.com/produit/les-4-topos-du-gr5-alpes/ notamment pour repérer les villes où je pouvais me ravitailler.
Oups la question c’était 5….
Le début a été difficile. Je le savais, je l’avais déjà vécu lorsque j’avais traversé les Pyrénées. Il faut laisser le corps et l’esprit s’habituer à ce rythme qu’on leur impose. J’avais mal aux pieds, aux jambes, mes proches me manquaient et j’avais peur de ne pas y arriver. Mais plus les jours passaient, plus les maux s’estompaient. Les muscles de mes jambes se sont transformés, je me suis faite au poids du sac, de la corne s’est formées sous mes pieds et mon mental est devenu plus résistant. C’est magique de se voir se transformer ainsi.
Même si je l’avais choisi, j’ai également souffert de la solitude, souffert de ne pas pouvoir partager ce que j’étais entrain de vivre.
J’ai aussi souffert du froid la nuit…mon duvet n’était pas assez chaud pour dormir en altitude au mois de septembre. Je m’isolais pourtant du sol avec ma couverture de survie, je portais un maximum de couches de vêtement sur moi mais ça ne suffisait pas. Ce froid m’empêchait de dormir et donc de récupérer correctement.
Les jours de mauvais temps m’ont aussi affectées mais ils ont été vite oubliés lorsque le soleil est revenu.
J’utilisais l’application Open Runner avec les fonds de carte IGN. L’application a un système de géolocalisation et fonctionne également en mode avion.
Mon sac faisait 46L et pesait entre 13 et 15kg (il était plus lourd lorsque je quittais un point de ravitaillement)
En traversant les Alpes, je suis allée à la rencontre de paysages grandioses, d’animaux sauvages, de personnes qui m’ont marquée mais je suis également allée à la rencontre de moi-même.
En rentrant de la GTA, j’ai décidé de changer de vie, quitter mon travail, exploser mes repères. L’itinérance en pleine nature avec juste l’essentiel sur mon dos m’a permise de me libérer de mes peurs et d’oser vivre la vie que j’avais envie de vivre.