Philippe Roux a réalisé l’intégralité de la Grande Traversée des Alpes en solo et propose des dessins issus de sa traversée dans un livret qu’il partage avec nous, ainsi que quelques ressources pratiques. Merci à lui !
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis un passionné de sports de pleine nature (Trail running, vélo, rando à pied et à ski) et je réside au nord de Montpellier, au pied du Pic-St-Loup. Retraité depuis un an et demi, j’ai maintenant la chance d’avoir beaucoup de temps disponible pour pratiquer mes activités préférées.
La GTA était-elle votre première expérience de la grande itinérance ?
J’avais une expérience sur des treks de plusieurs jours en autonomie ou en refuge mais je n’avais jamais eu le temps de partir un mois complet sur un itinéraire de plusieurs centaines de km.
Quelle était votre motivation avant le départ ?
Mes motivations pour me lancer dans l’aventure de la GTA étaient multiples. Pour commencer, c’est un trek mythique de la chaîne des Alpes qui est un aboutissement dans la vie d’un amoureux de la montagne. De plus, si comme moi vous avez parcouru les massifs alpins à pied, en ski de randonnée et gravi certains sommets, la GTA sera du début à la fin une véritable « usine à souvenirs ». D’autre part, en dehors des deux ou trois étapes communes avec le tour du Mont Blanc, c’est un itinéraire sauvage et pas trop fréquenté (c’est encore plus vrai en début de saison et dans la partie sud à partir de Briançon).
Quels ont été les moments forts de votre traversée ?
Ils ont été nombreux, mais je citerais le jour du départ où on se retrouve avec son sac à dos dans un train à destination de Genève puis Lausanne, au milieu de personnes qui ont d’autres préoccupations. Je dois avouer que c’est un peu étrange : un mélange de joie et d’appréhension. Vais-je réussir, suis-je prêt physiquement, n’ai-je rien oublié ? Un autre moment fort a été la traversée du Lac des Vaches, au-dessus de Peisey-Nancroix, avec une autre randonneuse dans une lumière magique très tôt le matin.
Les rencontres ont elles marqué votre périple ?
Même en solitaire, peut-être même encore plus en solitaire, la GTA est une aventure humaine pleine de rencontres. Un immense merci à mes compagnons de route rencontrés tout au long du chemin : Renilde avec qui j’ai partagé de nombreuses étapes, Claude, Yohan, Violaine, Julien, Ozgur, Claire & Pierre, Jacques et toutes les autres rencontres d’un jour. Il est évident que sans leurs fous rires autour d’une bonne bière, les bivouacs partagés, les longues discussions philosophiques, les titres de musique échangés, la GTA n’aurait pas eu la même saveur
Un coup de cœur que vous aimez partager avec les autres ?
Difficile de répondre tellement une telle aventure vous en procure. Je dirais que j’ai vécu l’un des plus beaux bivouacs de ma vie à 2 500 m d’altitude dans l’ancien fort de la Batterie de Viraysse situé à l’Est de la commune de Larche : une soirée magnifique partagée avec mon voisin de tente Yohan sur fond de musique de Janis Joplin sur mon smartphone. Ainsi, ces morceaux de musique resteront pour toujours associés à ce paysage.
A posteriori, il y a aussi un autre point dont on ne mesure pas trop l’ampleur avant de partir et qui contribue fortement au vécu de la GTA. En effet, contrairement à beaucoup d’itinéraires de randonnée en boucle (tour du Queyras, tour du Viso, tour des Écrins, tour des Fiz, etc.), la GTA est une traversée où l’on chemine vers un objectif un peu idyllique (la méditerranée). Cet objectif parait très éloigné au départ, voire même un peu théorique, mais le fait de marcher droit devant, plein sud, sans se dire qu’on va retrouver son véhicule au point de départ, ni d’ailleurs exactement quel jour on va arriver, ça change vraiment tout.
Y a-t-il eu des moments difficiles ?
Pas vraiment, à part une douleur au talon avec laquelle j’étais parti, après une grosse saison de trail running, et qui m’a un peu « titillé » certains jours. Sinon, coté météo, pas de moments difficiles dans la mesure où j’étais non seulement en autonomie avec tente et nourriture mais aussi en début de saison avec les refuges et les gites pas encore surchargés. Ainsi, je n’avais pas le stress de devoir être un jour précis à un endroit précis et je pouvais adapter mes étapes à la météo.
Vous avez réalisé de nombreux dessins de votre traversée, est-ce que cela tient une place importante dans vos voyages à pied ?
J’ai redécouvert le plaisir de dessiner mes treks récemment, à partir du moment où j’ai été à la retraite en retrouvant du temps disponible comme lorsque j’étais enfant et adolescent où je dessinais beaucoup. En pratique, à part quelques esquisses, j’ai réalisé l’essentiel de mes dessins à mon retour, sur la base de mes photos et souvenirs. Je ne peux pas transporter beaucoup de matériel sur des treks aussi longs et en outre les journées sont en général bien remplies. Il est clair que maintenant, le dessin tient une place très importante dans mes treks. J’ai ainsi l’impression de les vivre plusieurs fois : lors de la préparation, en me plongeant dans les cartes et topoguides, pendant le trek lui-même, en m’imprégnant des paysages, et enfin à mon retour, en illustrant des carnets d’aventures.
Vous avez créé un blog, un livret de préparation et un portfolio, qu’est-ce qui vous anime dans la proposition de ces outils à destination des autres randonneurs ?
L’idée de partager mon vécu et mes illustrations avec d’autres est une de mes motivations principales. En fait, j’ai essayé d’écrire et de dessiner ce que j’aurais aimé lire avant de partir, aussi bien sur des détails pratiques d’organisation que sur des questions plus générales telles que par exemple « pourquoi se lancer dans une telle aventure en solitaire ? ».
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